Adriana

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Adriana a trois enfants et était enceinte lorsqu’on lui a annoncé son diagnostic. La vie avec le cancer du sein métastatique lui a fait voir autrement l’importance du temps et la façon de le passer avec les êtres chers.

Voici l’histoire d’Adriana.

Diagnostic : J’étais enceinte de jumeaux depuis six semaines lorsqu’on m’a diagnostiqué un cancer. Trois mois plus tôt, j’avais découvert une bosse sur mon sein. Tout le monde croyait qu’il ne s’agissait que d’un canal galactophore… bouché, car j’allaitais encore mon fils de 11 mois. Comme nous venions tout juste de déménager, j’ai consulté une nouvelle médecin de la région. Elle m’a dit que je devais faire vérifier la masse immédiatement, car elle ne semblait pas « normale ». J’ai passé une échographie le vendredi et le lundi, on m’a communiqué les résultats : c’était un cancer. J’ai subi une biopsie le mardi, et le vendredi suivant, j’avais les résultats complets. À peu près au même moment, j’ai perdu les bébés que je portais. Je me souviens seulement avoir beaucoup dormi et beaucoup pleuré. Je crois que je ne saisissais pas encore que j’avais le cancer, car je devais également composer avec la perte de mes deux enfants.

Traitement : La journée où l’on m’a appelée pour me donner plus de détails sur le cancer, deux médecins m’ont dit que j’avais un cancer de type mutant, ce qui voulait dire que la masse grossissait rapidement et que le risque qu’il se propage augmenterait si j’attendais avant d’entreprendre un traitement. Ce fut une décision extrêmement déchirante, mais j’avais trois enfants qui étaient âgés de 1, de 2 et de 5 ans à cette époque; je voulais être là pour eux. Nous avons donc décidé de commencer immédiatement la chimiothérapie.

Deux mois plus tard, la veille du Nouvel An, les médecins ont découvert un caillot sanguin dans mon cœur. Il était littéralement minuit, et je m’en allais passer une tomodensitométrie alors que tout ce que je voulais, c’était être à la maison avec mes enfants. Il n’y avait rien à faire – je devais seulement prendre des anticoagulants et espérer le mieux. Ce furent des mois très sombres. Je me souviens être assise sur le lit de mes enfants, à pleurer et les enlacer. Je me souviens avoir pensé que ce ne serait même pas le cancer qui me tuerait, mais un caillot sanguin! Après quelques mois, heureusement, les anticoagulants ont fait effet, et le caillot s’est résorbé.

Nous avons poursuivi le traitement, et j’ai subi une mastectomie bilatérale avant d’entreprendre 25 cycles de radiothérapie. Je croyais à ce moment que je m’en sortirais. J’avais des maux de tête, mais je n’aurais jamais pensé qu’il pouvait s’agir d’une récidive du cancer. Ma médecin, une personne fantastique, m’avait fait passer une batterie de tests, et tous les résultats étaient revenus négatifs, mais elle m’a envoyée passer une résonance magnétique du cerveau.

Très exactement 13 mois s’étaient écoulés depuis mon diagnostic initial lorsque j’ai appris que j’avais deux taches au cerveau. J’ai effectué une radiothérapie du cerveau, mais les deux lésions sont revenues. Un an après leur découverte, en 2016, j’ai subi une chirurgie au cerveau, suivie d’une nouvelle radiothérapie. Je ne prends actuellement aucun médicament; les tissus cicatriciels régressent et je n’ai aucune nouvelle tumeur. Actuellement, mon cancer « dort », mais tout peut basculer demain.

La vie avec le cancer du sein métastatique : Tout le monde me dit de vivre le moment présent, mais c’est très difficile. J’ai parfois l’impression que le temps est mon ennemi. Lorsque tout cela a commencé, je me couchais le soir et je me demandais si je me réveillerais le lendemain matin. Vous savez ce qui m’a aidée? Me renseigner. En apprendre plus sur la maladie qui m’affecte m’aide à être proactive. Maintenant que je suis mieux informée, j’ai l’impression d’avoir un peu plus de maîtrise sur ma vie, mais pour être honnête, ce sont mes enfants qui me motivent à aller de l’avant; ils sont tout pour moi. Je ne tiens rien pour acquis. Je suis parfois fatiguée ou en douleurs, mais s’ils ont une partie de soccer, je m’oblige à y assister. Je ne tiens pas pour acquis que je pourrai y aller la semaine prochaine, car pour moi, il se peut qu’il n’y ait pas de semaine prochaine. Je peux apprécier le moment présent. Chaque anniversaire est le plus grand, le plus important, car j’ignore s’il s’agit du dernier que je pourrai célébrer avec eux. J’ai réalisé que demain n’est pas assuré, alors je veux qu’aujourd’hui soit spécial. Et quand je me rendrai à demain, demain sera également spécial.
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