À la douce
mémoire de Jaspreet

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Jaspreet a reçu son premier diagnostic de cancer au début de la trentaine. Pour mieux comprendre le cancer du sein métastatique et expliquer en quoi il consiste à d’autres personnes, elle s’est jointe à des groupes, en personne et en ligne, en plus de créer un blogue sur son expérience.

Voici l’histoire de Jaspreet.

Diagnostic : Peut-être devrais-je commencer par le commencement. À 31 ans, j’ai reçu un diagnostic de cancer du sein inflammatoire de stade 3, une forme rare et agressive de cancer du sein. J’ai commencé mon traitement peu après; j’ai suivi une chimiothérapie, subi une chirurgie (mastectomie) et fait de la radiothérapie. Après des mois de rétablissement, je me sentais plutôt bien et ma vie reprenait tranquillement son cours normal – ou plutôt son nouveau cours normal.

À peine un an après avoir terminé mon traitement, j’ai soudainement eu des convulsions, et on m’a amenée d’urgence à l’hôpital. C’est à ce moment que les médecins ont découvert que le cancer s’était métastasé au cerveau; ils ont trouvé deux tumeurs.

Traitement – J’ai subi une chirurgie d’urgence au cerveau afin d’extraire la plus grosse des deux tumeurs et une radiothérapie sur la plus petite. Mon état était stable depuis janvier, mais j’ai récemment appris que j’ai trois nouvelles tumeurs au cerveau et que je devrai suivre une radiothérapie pour les éliminer. C’est très effrayant, car ça n’a ni rime ni raison; je ne sais pas quand et combien de nouvelles tumeurs apparaîtront. J’ai bon espoir que le récent traitement stoppera la croissance des tumeurs et qu’il empêchera l’apparition de nouvelles tumeurs pendant un moment.

Vivre avec le cancer du sein métastatique – Quand j’ai reçu mon premier diagnostic de cancer du sein métastatique, je pensais que j’allais mourir rapidement. Puis, lentement, j’ai commencé à communiquer avec des gens et à obtenir plus de renseignements et j’ai compris qu’il était possible de bien vivre tout en étant en phase terminale. J’ai communiqué avec l’organisme Rethink Breast Cancer, qui m’a mise en contact avec d’autres femmes ayant reçu un diagnostic de cancer du sein métastatique. Je me suis également jointe à des groupes sur Facebook qui portent spécifiquement sur le cancer du sein métastatique. Connaître les histoires d’autres femmes, savoir que quelques-unes d’entre elles ont reçu leur diagnostic il y a trois ou quatre ans et qu’elles se portent toujours bien, m’a donné tellement d’espoir.

Essayer d’expliquer le cancer du sein métastatique n’a pas été facile, car les gens sont peu informés : aucune des personnes avec qui j’ai parlé ne savait ce que le mot « métastatique » voulait dire. Maintenant près d’un an après avoir reçu mon diagnostic, les gens me demandent toujours « Oh, alors tout va bien maintenant? » ou « Quand finiras-tu ton traitement? ». Je devrai suivre un traitement jusqu’à la fin de mes jours. Je ne peux que souhaiter que de nouvelles options thérapeutiques soient offertes et que mon état reste stable d’ici là. Je tiens un blogue où je parle de mon expérience et du cancer du sein métastatique, mais il reste encore tellement de personnes qui ne savent pas ce que c’est.

J’aime beaucoup tout planifier, alors, au début, je ressentais cette pression intense de tout faire parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver. Mais je dirais qu’il y a quelques mois, j’ai vécu un moment décisif. Je ne suis pas certaine de ce qui s’est passé, mais maintenant je vis vraiment le moment présent.

Je dois passer des scintigraphies tous les deux mois; c’est l’une des raisons pour lesquelles je vois le temps différemment. J’ignore ce qui va se passer à la prochaine scintigraphie, et m’inquiéter ne va rien changer; c’est du moins ce que j’essaie de me dire.

Mon mari a toujours été de ces personnes qui vivent le moment présent, et j’ai toujours été le contraire. Aussi cliché que cela puisse paraître, j’imagine que les contraires s’attirent réellement. Cette opposition nous gardait en équilibre, mais je suis maintenant passée de l’autre côté : je vis plus le moment présent. Et je comprends vraiment à quel point c’est un état d’esprit agréable.

Il m’arrive encore de penser « L’année prochaine, je veux faire telle chose » ou « J’ai très hâte à tel ou tel événement », mais je me rappelle ensuite que je ne peux pas me donner le luxe d’attendre, car je ne sais pas du tout ce qui va arriver avec mon cancer. Si c’est quelque chose que je peux faire maintenant, j’essaie de le faire maintenant. Je ne peux rien planifier, ce qui est libérateur d’une certaine façon, mais aussi effrayant. C’est effrayant de ne pas pouvoir planifier des activités plus de deux mois d’avance, mais c’est en même temps ce qui me fait vivre le moment présent.

La principale chose que j’aimerais que les gens sachent à propos du cancer du sein métastatique, c’est la pression du temps, cette pression constante de rester dans un état stable suffisamment longtemps pour qu’une nouvelle et meilleure option thérapeutique soit offerte et qu’elle soit efficace.
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