À la douce
mémoire de Teva

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Voici l’histoire de Teva.

Diagnostic : Je m’entraînais pour participer à un demi-marathon. Ce n’était pas la première fois, mais chaque fois que j’allais courir, je revenais avec une terrible douleur au dos. Je ne pouvais même plus m’asseoir à mon bureau tellement j’avais mal. Je me tenais debout pendant les réunions. J’avais du mal à dormir tant la douleur était intense. Je suis allée consulter un médecin et je me suis retrouvée en salle d’urgence. L’urgentologue ne m’a fait aucun test; il m’a seulement prescrit des analgésiques. Les mois ont passé, et je ne savais toujours pas ce qui causait cet horrible mal de dos quand un jour, j’ai découvert une masse dans un de mes seins.

Je suis tout de suite allée voir mon médecin de famille, qui m’a dit qu’il ne pouvait pas se prononcer et que je devais subir des tests. J’ai immédiatement eu un rendez-vous, mais pour une échographie parce que j’étais trop jeune pour avoir rapidement accès à une mammographie. C’est au moment de subir l’échographie que j’ai compris que j’avais un cancer du sein. La technicienne a commencé par faire des blagues, mais lorsqu’elle a atteint la zone atteinte, son attitude a changé. J’ai vu cela souvent chez des gens qui sont supposés dissimuler leurs émotions, comme cette technicienne qui m’a serrée dans ses bras après l’examen et semblait sur le point de pleurer. Donc, lorsque mon médecin a reçu les résultats de l’échographie, il m’a téléphoné pour me dire de venir immédiatement passer une mammographie. Tout s’est passé très vite à partir de ce moment.

Après la mammographie, on m’a immédiatement fait une biopsie. Le médecin a étudié les résultats et m’a dit que j’avais un cancer du sein de stade 3 avec atteinte des ganglions lymphatiques. Il m’a expliqué ce qui allait se passer et m’a dit que tout serait terminé d’ici un an, mais rien n’a été fait concernant ma douleur au dos. On m’a ensuite donné un rendez-vous pour subir une scintigraphie osseuse « de routine ». Je me souviens d’avoir demandé à l’infirmière si c’était normal, et elle m’a répondu : « Vous n’avez rien à craindre si vous n’avez pas de douleur. » J’ai alors dit : « Mais j’ai de la douleur! Beaucoup de douleur! »

On m’a ensuite expliqué le fil des événements et mon diagnostic, en affirmant que c’était le pire jour de ma vie, mais que j’allais m’en sortir. C’était avant de connaître les résultats de ma scintigraphie.

Le jour où je suis allée chercher mes résultats, je me souviens qu’en attendant le métro, j’ai ressenti une immense envie de m’enfuir. Je voulais tout laisser derrière moi. Mais tout ce que je pouvais faire, c’était de prendre le métro pour connaître la vérité. Je n’avais tout simplement pas envie de l’entendre. J’ai rejoint mon mari à l’hôpital, et nous nous sommes rendus à mon rendez-vous, pensant qu’on nous expliquerait le traitement de mon cancer. Mais l’oncologue nous a annoncé que j’avais un cancer de stade 4 qui était incurable. Il avait atteint mes os, notamment mon fémur et ma colonne vertébrale.

J’ai dû appeler ma famille deux fois. La première fois pour annoncer que j’avais un cancer du sein, puis quelques semaines plus tard, pour leur dire que c’était plutôt un stade 4. C’était horrible. Ma mère refusait d’y croire. Elle a dit : « Au moins ce n’est pas un cancer de stade 5 », mais je n’ai pas eu la force de lui dire qu’il n’y avait pas de stade 5. Comment aurait-elle pu le savoir?

Vivre avec le cancer du sein métastatique – Les gens n’entendent pas souvent le mot « métastatique ». Il n’y a tout simplement pas d’information qui circule au sujet du cancer du sein métastatique. En plus, les gens sont très mal à l’aise quand on parle de la mort, et le cancer du sein métastatique est une maladie qui tue. Même si le cancer du sein est détecté à un stade précoce chez un nombre croissant de femmes, il y en a tout autant qui meurent de ce type de cancer. Rien n’a vraiment changé. Les gens n’en parlent pas, car c’est trop difficile pour eux d’admettre que nous n’avons pas fait les progrès que nous espérions avoir faits aujourd’hui.

Le fait d’avoir un stade 4 qui me pend au-dessus de la tête m’a amenée à réévaluer ma façon de vivre. Je n’ai pas la même énergie qu’avant et je peux faire moins de choses. Tout est devenu plus clair. J’ai décidé de passer plus de temps avec ma famille, mon mari merveilleux, ma mère, mes sœurs, mes neveux et nièces et mes formidables amis. J’adore jardiner et cuisiner des plats alléchants et nourrissants. J’écris et je déploie mes talents d’artiste chaque fois que j’en ai l’occasion, car j’ai beaucoup de choses à exprimer et il est peu probable que j’aie le temps de tout dire.

Les chercheurs ont besoin de plus d’argent pour accélérer leurs travaux et trouver des médicaments qui prolongent la vie. Cela peut changer la donne pour le temps qu’il me reste, ou pour les femmes qui reçoivent encore aujourd’hui un diagnostic cancer du sein de stade 4. Les gens doivent savoir les maigres chances que nous avons.
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